« Écrire le voyage, c’est transformer l’expérience en conscience » notait André Malraux. Plus que pour la chronique des déambulations qu’il contient, le récit de voyage est un outil particulièrement précieux pour bâtir une histoire des représentations et des relations culturelles internationales. Les voyageurs artistes, intellectuels et militants politiques présentent un intérêt spécifique car ils prolongent souvent leur expérience par un acte de création artistique, littéraire ou testimonial. Éducatif, érudit ou humaniste, leur voyage doit contribuer à produire un savoir sur le monde et sur soi ; il est d’abord la quête d’un « signalement de l’univers », pour reprendre la formule de Théophile Gautier qui fut lui-même un grand voyageur. Dans cet ouvrage, l’expérience du voyage importe donc surtout comme pratique et comme moment de confrontation avec une culture et une société étrangères. Il s’agit d’observer de quelle façon le déplacement dans un pays étranger, sa découverte ou redécouverte, orientent la perception de l’autre pays. Trois aires culturelles, outre la France, ont été privilégiées, chacune – Italie, Espagne, monde lusophone – ayant construit une identité forte autour du voyage et de la mobilité.