« Bourdonner culbuter »La peinture politique dans l’ère du post-factuel : Si la peinture postmoderne s’accompagne depuis toujours de la discussion autour de sa fin, elle renvoie aussi toujours à sa qualité principale : celle de pouvoir tisser un réseau sans fin de représentations grâce à son caractère discursif. Cela s’applique aussi aux travaux de Katrin Plavcak (née en 1970 à Gütersloh, RFA, et élevée en Autriche). Ses peintures à l’huile et à l’acrylique marquées par l’absence de tout empâtement sont autant de références figurées à Dix et Grosz, Magritte et Picasso, Höch et Lassnig, ainsi qu’à la pratique de la peinture naïve qui annule toutes les questions de perspective et d’espace en faisant coexister plusieurs fils narratifs. Katrin Plavcak se penche pour cela délibérément sur l’histoire d’images issues de la bande dessinée, de la caricature, de l’illustration et plus généralement de médias visuels techniques. Les clichés, distorsions, banalisations et spectacles tels que l’industrie des médias les produit et à la logique desquels l’art et ses institutions succombent eux aussi naturellement constituent le fond esthétique à partir duquel elle formule, dans son propre langage pictural et au cours d’un processus de transformation extrêmement habile, sa vision artistique et sociopolitique des choses. Katrin Plavcak ne recourt, ni au pathos, ni à aucune position idéologique « correcte », elle poursuit bien plus directement son intérêt pour Dada ou le surréalisme, des mouvements artistiques dans lesquels les acquits de la photographie, du film et de la publicité, et avec eux, et non des moindres, la culture populaire des magazines, ont influencé le concept d’avant-garde, croisés méthodiquement avec le montage et le collage. Par ailleurs, Katrin Plavcak est également une grande portraitiste qui s’y entend pour toucher psychologiquement avec un grand talent de peintre les caractéristiques essentielles de ses personnages inventés ou découverts. C’est pourquoi si l’ère du post-factuel est proclamée ces jours ci car nous sommes submergés par l’information à tel point qu’elle en perd toute signification pour nous, le pôle opposé pourrait être un art ainsi disposé à sonder explicitement les dimensions politiques autant que mythiques.