Remises de peine, droits à compensation du handicap, droit au logement ou aides à l’insertion professionnelle, nombreux sont les domaines du droit des individus qui sont confrontés à la montée de l’individualisation ; leur attribution est désormais soumise à l’examen de situations individuelles par des commissions réunissant professionnels et partenaires institutionnels autour d’une même table. Aujourd’hui, les droits sociaux visent moins à protéger les individus qu’à transformer durablement leur destin (les rendre plus « employables », plus « insérables »). Les vies et les envies des personnes vulnérables sont ainsi sans cesse passées au crible de l’expertise croisée des professionnels de l’État social transformateur. Mais comment individualiser les droits, personnaliser les réponses, lorsque la pression du flux de demandes s’accroit ? Comment évaluer chaque demande particulière sans porter atteinte au principe d’égalité de traitement ? En s’appuyant sur un programme d’enquêtes socio-ethnographiques dans cinq secteurs (politique de l’emploi, insertion des jeunes, administration pénitentiaire, handicap, et logement), cet ouvrage explore les multiples facettes de la production collective du jugement sur les personnes vulnérables prises sous l’angle social, professionnel ou médical.